Page:Variétés Tome VIII.djvu/70

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la pension ne fut payée que pendant peu de temps, et la dame Scarron, se voyant denuée de toute commodité et ayant peine à subsister35, se vit souvent obligée de changer de logement. M. de Montchevreuil36, qui la regardoit comme sa parente, la retira chez lui, ayant peine à souffrir qu’une femme de son âge menât ce train de vie à Paris.



35. Une lettre de la sœur de Scarron, recueillie par M. Matter (Lettres, pièces rares ou inédites, 1846, in-8, p. 333), fait aussi mention de cette misère de la veuve. « Ma belle-sœur, dit-elle, s’est mise à la petite Charité, fort affligée de la mort de son mari. » Tallemant dit : « à la Charité des femmes ». C’étaient les hospitalières de la chaussée des Minimes, ou les filles bleues, comme elle-même les appelle dans une lettre à l’abbé Gobelin. Saint-Simon parle aussi de cette misère réduite presqu’à l’aumône. (Édit. Hachette, in-8, t. 15, p. 49.) Selon lui, c’est à la Charité de Saint-Eustache que s’étoit mise la veuve Scarron, « logée dans cette montée » où Manon, qui la suivit en tous ses divers états, et qui devint Mlle Balbien quand sa maîtresse fut devenue Mme la marquise de Maintenon, « faisoit sa chambre et son petit pot-au-feu dans la même chambre ».

36. Il étoit cousin de Villarceaux. La Beaumelle (t. 1, p. 205) nous dit que Mme Scarron fit de fréquents séjours à Montchevreuil ; il convient que Villarceaux dut souvent l’y rencontrer, et il s’en tient là. Saint-Simon n’est pas si contenu ; il en dit de belles à ce sujet, lorsque, le roi ayant épousé la marquise, il revient tout indigné sur M. de Montchevreuil, qui fut l’un des témoins du mariage clandestin, lui, s’écrie-il, qui prêtoit jadis la maison « où Villarceaux entretenoit cette reine comme à Paris, et où il payoit toute la dépense ». (T. 13, p. 16.) En tout cas, cette dépense n’étoit pas grosse, puisque la dame restoit à la Charité, et qu’il falloit partout lui chercher un sort.