Page:Variétés Tome VIII.djvu/85

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Et doucement par sa cape l’arreste,
Puis d’un clin d’œil, d’un branlement de teste,
Luy fait le signe, en luy disant tout bas :
« Venez, Monsieur, le maistre n’y est pas,
Et ma maistresse est seule retirée,
Qui vous attent pronte et deliberée ;
Portez sans plus de l’argent à foison,

On guarira vostre démangeaison. »

Or sur ce point la gloze nous remarque
Que la grandeur de ce brave monarque
Est de donner tout ce qu’il peut avoir,
Si quelque femme est pronte à son vouloir ;
Et ce vouloir est qu’en bizarre sorte
Il soit foitté tant que le sang en sorte5,
Tout en cadance, et d’un bras reposé.
De telle humeur ce prince est composé.
Ainsi faisant, sa faveur il octroye,


5. Notre maître farceur, on le voit, étoit initié aux raffinements de libertinage que la main pudique de Mlle Lambercier révéla à Jean-Jacques Rousseau enfant, et qu’il ne voulut plus désapprendre. Engoulevent mettoit en pratique ce que d’autres mirent en traité, notamment Meibomius et Doppet. Voici le titre de leurs petits livres si étrangement erotiques : J. H. Meibomii De flagrorum usu in re venerea, Londini, 1665, in-24 ; Traité du fouet et de ses effets sur le physique de l’amour, par D…, s. l., 1788, in-18. Pendant la Régence, le rôle du fouet s’étoit déplacé : on ne se faisoit plus fouetter, on fouettoit. « Fouetter ses maîtresses et les battre à coups de verges, écrit la mère du régent, est un raffinement de débauche dont il y a de nombreux exemples. » (Nouvelles lettres de madame la duchesse d’Orléans, édit. G. Brunet, 1853, in-18, p. 282.)