Toute la cour à ma parole
Changeoit d’avis et de dessein ;
Plus triste qu’un poignard au sein,
Le Roy me donne une bricolle,
Bricolle qui me met en passe
Pour jamais plus ne revenir,
Au bien duquel le souvenir
Tous malheurs mille fois surpasse.
J’etois dispensateur des vies,
Des valeureux soulagement ;
On me punit pour seulement
L’avoir de volonté ravie !
Que la fortune est inconstante !
Que ses mouvements sont puissants !
Que ses changements sont cuisans,
Quand ils arrivent outre attente !
(Lettre à Peiresc, 19 décembre 1626.) Sa disgrâce, encore une fois, et ce qu’on lit ici le confirme, ne dut pas avoir une autre raison. Ce qu’on trouve raconté dans le Menagiana, l’histoire du chapeau de Louis XIII tombé par terre, et sur lequel pisse le cheval de Barradas, ce qui met le roi dans une furieuse colère et cause par suite le renvoi du favori, me paroît être une invention. (Menagiana, 1715, in-8, t. 1, p. 254.) On trouve dans Tallemant, édit. in-12, t. 3, p. 66, d’autres preuves de l’orgueil impudent de Barradas. Sa faveur n’avoit pas duré plus de six mois ; on en fit le proverbe fortune de Barradas, pour dire une courte fortune. (Amelot de la Houssaye, Mémoires histor., t. 2, p. 12 ; voy. aussi Coll. Petitot, 2e série, t. 49, p. 42, 43.)