Page:Variétés Tome X.djvu/152

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Si tu veulx promptement en honneur parvenir,
C’est où plus saigement il te fault maintenir.
Il fault avoir tousjours le petit mot pour rire ;
Il fault des lieux communs qu’à tout propoz on tire
Passer ce qu’on ne sçait, et se montrer sçavant

En ce que l’on ha leu deux ou trois soirs devant.

Mais qui des grands seigneurs veult acquerir la grace
Il ne fault que les vers seulement il embrasse,
Il fault d’aultres propoz son stile déguiser,
Et ne leur fault tousjours des lettres deviser.
Bref, pour estre en cest art des premiers de ton age,
Si tu veulx finement joüer ton personnage,
Entre les courtisans du sçavant tu feras,
Et entre les sçavants courtisan tu seras.

Pour ce te fault choisir matière convenable
Qui rende son autheur aux lecteurs agreable,


se fait encore dans les provinces, et que les auteurs essayoient leurs ouvrages par des lectures à haute voix. Les comiques y jouoient leurs farces. Cotin, dans sa Satire des Satires, reproche à Boileau d’aller avec son Turlupin, c’est-à-dire avec Primorin, son frère, et non pas avec Molière, comme on l’a prétendu, gagner ainsi, par ses bouffonneries, « de bons dîners chez le sot campagnard ». Montfleury, dans l’Impromptu de l’hôtel de Condé (sc. 3), fait un reproche du même genre à Molière. Il a, fait-il dire à l’un de ses personnages, à propos de l’Impromptu de Versailles, qui, suivant lui, n’étoit rien moins qu’un impromptu,

Il a joué cela vingt fois au bout des tables,
Et l’on sait, dans Paris, que, faute d’un bon mot,
De cela, chez les grands, il payoit son escot.