Page:Variétés Tome X.djvu/182

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blic, ou plus tost de ne recevoir le chastiment de ses offences, mais de ne servir de mauvais exemple à ceux auquel il doit servir d’instruction et d’enseignement.

Le vin traisne après luy force autres vices, et Dieu ne seroit tant offencé si les hommes n’estoient commandez du vin.

Ésaü resina2 follement sa primogeniture à son frère pour des lentilles ; je croy que la faim ne luy fit pas faire ceste faute, qu’il ne fust prevenu du vin.

Le roy des Caldéens voulut forcer la femme d’Abraham, après estre assoupy de vin, et le lendemain il luy demanda pardon de l’offence qu’il luy avoit voulu faire, et tança mesme ses porte-poulets de luy avoir mis cest amour en teste.

David fit tuer Urie après avoir festiné avec Bersabée, et fit penitence de la faute qu’il avoit commise.

Herode fit trencher la teste à S. Jean-Baptiste, enyvré de vin et passionné des beautez de sa sœur. Laissons l’Ecriture à part ; venons chez les payens, lesquels ne se debordoient qu’ez jours des baccanalles, autrement de la feste de Bacchus, où, suffoquez de vin, ils n’avoient autre Dieu que leur desbauche, ny autre vertu que leur desordre. Il est vray que les femmes estoient les premières à ceste feste, où maintenant les hommes seuls font sacrifice à Bacchus ; je ne sçay si quelque femme y sacrifie aussi.

Alexandre eust laissé une plus grande estime de


2. Pour résigna, céda. C’est l’ancienne forme du mot. V. Ancien théâtre, t. II, p. 52 ; III, p. 129.