Page:Variétés Tome X.djvu/290

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Vu que dormi n’ay sous les arbres verds
De Parnassus, ni bu en la fontaine



dans un article du Bulletin de l’Alliance des Arts, 10 mai 1844, p. 347 ; l’anonyme qui écrivit l’article de la Revue de Paris n’en est pas non plus très-sûr. Quant à nous, nous n’en doutons pas. Catherine de Médicis, c’est Brantôme qui l’assure, « disoit et parloit bon françois, encores qu’elle fût italienne. À ceux de sa nation pourtant, continue-t-il, ne parloit que bon françois souvent, tant elle honoroit la France et la langue. » Non-seulement elle savoit parler celui de la cour, mais aussi celui du peuple. « La Reyne mère, lisons-nous dans le Scaligerana (1667, in-12, p. 46–47), parloit aussi bien son goffe parisien qu’une revendeuse de la place Maubert, et l’on n’eust point dit qu’elle estoit italienne. » On sait par ses lettres qu’elle écrivoit fort bien en prose ; pourquoi, amie de la poésie comme elle le fut toujours, n’eût-elle pas de même écrit fort bien en vers, surtout s’adressant à une muse, à la spirituelle Marguerite de Navarre, tante de son mari ? L’auteur de l’article de la Revue se demande à quelle époque ces vers furent écrits, et penche pour l’année 1536. Ce seroit trop tôt, selon nous. Catherine n’avoit alors que dix-sept ans, il n’y avoit que trois années qu’elle étoit en France, et elle ne devoit pas, par conséquent, s’être encore rompue à toutes les finesses de notre langue. Je préfère pour date l’année 1543. Comme en 1536, le roi est absent de la cour avec ses deux fils, et Catherine, dont l’affection ne s’est pas attiédie, mais dont l’esprit mieux formé et le langage plus expert peuvent enfin traduire à l’aise la délicatesse de cette affection, est plus à même qu’à tout autre moment de sa vie d’écrire ces vers excellents, les meilleurs peut-être qui soient partis d’un cœur de princesse. Esprit et sincérité, ardeur et grâce, éloquence et naïveté, rien n’y manque de ces rares qualités dont la plupart sembloient si incompatibles avec son caractère.

2. De personne, d’âme qui vive.