Page:Variétés Tome X.djvu/41

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La noblesse est tellement ruinée, qu’elle n’est pas capable de monter à cheval pour aucune exécution, quelque apparence qui leur puisse être présentée d’une plus avantageuse condition3.

Les parlements sont tous asservis, et ceux qui les composent n’oseroient parler ni rien dire contre le présent gouvernement4.

Les grandes villes ne respirent que le repos,


pour se renseigner complétement sur l’état des populations, surtout celles de la campagne, à cette époque, il ne faut pas oublier l’État sommaire des misères de la campagne et besoin des pauvres des environs de Paris, adressé par l’abbé Féret à l’archevêque de Paris, dont il étoit le vicaire général. Cette pièce se trouve à la Bibliothèque Impériale, au t. 57e, 3e série, de la Collection Choisy. Un document conservé à l’Arsenal, Recueil de Pièces, nº 1675 bis, relatif à la misère de l’année 1662, sera encore fort bon à consulter.

3. Les Relations des missionnaires citées tout à l’heure font foi de cette misère de la noblesse. On lit par exemple dans celle où est décrite la misère en Picardie et en Champagne, pendant l’hiver de 1651 : « La petite noblesse a aussi besoin de secours, n’ayant pas moins souffert que les autres, et se voyant sans pain, sans argent, sans couverture, et réduite sur la paille, elle souffre encore la honte de n’oser mendier de porte en porte ; et d’ailleurs à qui pourroit-elle demander, puisque la guerre a mis égalité partout : l’égalité de la misère ! »

4. C’est au mois d’avril de cette même année que Louis XIV, en habit de chasse, avoit fait au Parlement cette visite qui le rappela si brusquement au devoir. V. sur cet épisode, presque toujours mal raconté et fort exagéré, l’Administration monarchique en France, par M. Cheruel, t. II, p. 32–34.