Page:Variétés Tome X.djvu/91

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Quy, ne cherchant sinon ce quy leur pourra nuire,

Reçoivent pour guerdon8 une exemplaire mort.

Je n’allegueray point pour preuve de mon dire
Ce foudre des combats, cest ennemy de peur,
Quy, cherchant son meilleur, ne trouva que son pire,
Et mourut pour chercher aux enfers plus d’honneur9.

Après que Thomiris eust de Cyrus la teste,
Elle l’a feit plonger dans un vaisseau de sang ;
Et ce fier boutefeu10, au milieu des tempestes,
Cherche pour s’assouvir avec Cyrus son rang.

Mais quoy ? si le Ciel veut tant malhourer la France,
Ce n’est pas pour tollir aux hommes la raison :
Nous avons tous acquis avecque la naissance
Un sens pour refrener l’humaine passion.

La France n’en peut mez, c’est l’humaine nature
Quy fragile en ses faicts, ne se mesure pas,
Et si quelqu’un feut mal, c’est raison qu’il endure
Pour son crime commis un horrible trespas.



8. Salaire, récompense.

9. Allusion au maréchal de Biron, décapité deux ans auparavant. Laffemas, qui devoit être un si rigoureux exécuteur des justices de Richelieu, ne devoit qu’applaudir à l’une des rares mais terribles sévérités d’Henri IV.

10. C’étoit le nom qu’on donnoit volontiers aux gens en révolte. Des rebelles qui ravagèrent la Champagne pendant le règne de François Ier avoient été appelés ainsi. V. Chron. de France publiée par G. Guiffrey, p. 39.