Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/117

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note, adressait des reproches véhéments à la caissière, digne et l’air pincé. Au passage, je saisis le mot « inzegdes » abondamment répété.

L’ascenseur électrique ne fonctionnait pas. Je pris l’escalier, sans rien demander à personne. Je savais le numéro de la chambre d’Aurore : 127, au troisième. Arrivé devant sa porte, je fus surpris d’entendre des voix à l’intérieur. Une visite ? Sans savoir pourquoi, une angoisse m’envahit. Je frappai. Les voix se turent ; je reconnus celle d’Aurore qui me disait : « Entrez ! » J’obéis. Un spectacle bizarre me fit bégayer en saluant la jeune fille qui venait au-devant de moi. Elle était en conversation avec le valet de chambre, et ce valet de chambre, en gilet à rayures noires et rouges, le plumeau obliquement planté dans la poche de devant du tablier, stylo et carnet en mains, s’apprêtait à prendre des notes, dans l’attitude du parfait reporter !

Sur un guéridon, un plateau chargé de croissants, tasse, cafetière et pot à lait fumant. L’homme venait d’entrer, sous couleur d’apporter le petit déjeuner commandé.

— Cher ami, me dit Aurore, vous arrivez à point ! Ce garçon, qui se dit reporter, me demande une interview…

À ma vue, l’homme s’était troublé. Je n’avançai vers lui, me contenant à peine.

— De quel droit… ?