Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

elles appartiennent à la science, c’est-à-dire au monde. Vous n’allez pas prétendre m’empêcher de les proclamer ?

— Et quelles sont-elles, je vous prie ?

— Ah non ! J’ai dicté ce matin un article complet pour qu’on me laisse en paix. Lisez-le dans l’édition spéciale de l’Intransigeant.

J’allais sans doute lâcher des paroles vives ; mais Aurore s’empressa de me reprendre le cornet.

— Monsieur le professeur, vous avez tout droit de proclamer vos conclusions… Même si cette révélation prématurée doit me causer des désagréments, je m’incline. Mais vous m’accorderez bien le plaisir de voir dans votre laboratoire les résultats de votre expérimentation ?

À l’autre bout du fil, un grognement agacé. Puis :

— Soit, je vous dois cela. Je suis très pris ; attendez, que je consulte mes rendez-vous. Je peux vous donner vingt-cinq minutes, tantôt, à partir de 15 heures 30. Soyez exacte.

Et il raccrocha.

Nous nous entre-regardâmes. Un rictus d’amertume relevait le coin des lèvres d’Aurore.

— Ce savant de l’Institut de France vaut les savants d’Amérique… Toute découverte qui leur tombe sous la main, ils oublient volontiers son auteur réel… Pour un peu, M. Nathan se croirait le père des cosmozoaires… (Et avec un soupir de regret, elle ajouta) : Plût à Dieu