Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/141

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meilleur point de comparaison que nous puissions trouver pour donner une idée de cette cadence frénétique, il faut l’aller chercher dans le monde des micro-organismes, bacilles et protozoaires restés semblables à ce qu’ils étaient aux origines, et dont les générations se succèdent aujourd’hui encore avec une rapidité fantastique, sans commune mesure avec l’ordre de durée qui mesure le développement et la reproduction des animaux supérieurs, les mammifères et l’homme. Certains bacilles, par exemple, se reproduisent au bout d’une heure, et compensent leur petitesse par cette rapidité de multiplication. À raison d’une génération à l’heure : deux descendants pour chaque individu, et ainsi de suite, F. Kohn a calculé qu’une de ces bactéries, dans un milieu favorable, peut donner plusieurs millions d’individus par jour ; et si ces individus échappaient tous aux causes de destruction, la progression géométrique se continuant, la descendance totale atteindrait, en 4 jours et demi : 1036 individus un undécillion… 1 suivi de 36 zéros !, autrement dit, le volume de toutes les eaux contenues dans les océans du globe.

Cela, c’est le calcul, mais dans l’ordre des faits mêmes, les exemples de ces explosions brusques de vie, de ces « ondes de vie », selon l’expression des vieux naturalistes, ne sont pas entièrement disparues du monde actuel, même chez des organismes notablement supérieurs aux bactéries. Parfois, en quelques heures,