Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/176

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Le 18, le pain avait manqué une demi-journée, les boulangers de Cassis usant tous de pétrins électriques, et les moteurs s’étant détraqués mystérieusement. De plus, Mme de Ricourt avait une horreur maladive des puces ; et, après s’être grattée deux nuits, ses plaintes et ses lamentations avaient fait décider le retour… car les journaux ne signalaient encore l’invasion du Lichen qu’à Marseille, et ils se figuraient que Paris devait être indemne. Partis le 19 au matin, ils étaient arrivés hier à la fin de l’après-midi, Luce relayant son frère au volant. Ils auraient fait le trajet en beaucoup moins d’heures, n’eussent été, sur la fin, des pannes réitérées dues à la formation du lichen sur les bougies d’allumage.

— C’était bien la peine, continua Géo, de changer de patelin !… Mais il faut que je vous parle de notre ami le docteur. Les infirmières ont dû jaser, Mme la doctoresse aussi, sans doute ; et les Cassidiens l’ont vite rendu responsable des perturbations de l’éclairage électrique et autres accidents. L’attitude de la population était devenue si hostile, à notre départ, que ce brave Alburtin n’osait presque plus se montrer. Les gens refusaient de travailler pour lui ; il a eu toutes les peines du monde à trouver quelqu’un pour emballer et transporter à la gare l’appareil de Mlle Lescure.

— Pauvre docteur ! murmura Aurore. Quand était-ce ?

— La veille de notre départ, je crois, le 18. Les caisses