Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

germe initial du Lichen a été rapporté des espaces par la Fusée de Mlle Lescure ; l’infinie majorité des Français moyens ne « réalisent » pas la connexion. Pour ce plus grand nombre, les cosmozoaires sont un mythe impersonnel, une de ces données livresques que l’on absorbe sans y attacher d’attention réfléchie, comme tant d’articles de vulgarisation scientifique, et dont ceux mêmes qui s’en rappellent quelque chose ne gardent qu’un souvenir de psittacisme pur. Il est en somme heureux que le bel article de M. Nathan ait été peu compris des masses. On croit aux cosmozoaires par un acte de foi ; mais ils restent sans rapport commensurable avec le Lichen, fait matériel que l’on connaît seul, comme une calamité naturelle, assimilable à une épidémie, à une inondation, à un tremblement de terre. Entre le Lichen qui bouche les tunnels du Métro et la gracieuse astronaute que l’on a vue à l’écran ou sur ses portraits, il ne peut y avoir commune mesure, dans l’opinion populaire. Seuls, les gens cultivés comme nous parviennent à établir un rapport de causalité entre le foisonnement des Xénobies et les météorites récoltés par Mlle Lescure ; mais ceux-là ne peuvent évidemment songer à vous rendre « responsable ». Et nous savons encore mieux que les autres l’inutilité de vous en vouloir.

— Tu parles comme un livre, Géo, fit sa sœur, pince-sans-rire.