Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/20

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rangea 50 mètres plus loin sur le bord de la route, à l’orée du bois, arrêta le moteur et verrouilla l’allumage.

J’avais sauté à terre, prêtant l’oreille.

La brise du soir se levait, dans le grand silence de ces vallons sans oiseaux ; mais aucun son humain, aucun cri d’appel.

Une angoisse profonde, dépassant de loin l’inquiétude que l’on peut éprouver pour un inconnu en danger, m’étreignait la poitrine.

À travers les buissons de ciste roussi, de bruyère en fleur et de chêne-kermès, je fonçai droit vers le point repéré par le vélum jaune et festonné du parachute, sans souci des ajoncs et des tue-chèvres aux épines acérées me griffant les mains et les jambes à travers mon pantalon de toile. Le gros Alburtin s’essoufflait derrière moi.

Enfin, parmi la brousse, je discernai un éclair de métal, et quelques enjambées plus loin, une espèce d’obus énorme, renversé presque à plat, sur une saillie de rocher.

Un obus ?… Non ! La Fusée interplanétaire ! Car elle s’imposait à moi, l’évocation que tantôt je rejetais comme démente et absurde ; je reconnaissais le véhicule ogival vu tant de fois sur l’écran, avec Aurore Lescure me souriant, une main sur le verrou de la porte-hublot.

Cette porte, ce « trou d’homme », je l’avais là devant moi, mais hermétiquement clos par les écrous et les