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XIV
LA GRANDE PANNE

La semaine de la Grande Panne fut pour moi aussi une période singulière, en lacune. Privé de la société quotidienne d’Aurore, qui pendant dix jours m’avait transporté sur le Sinaï d’une vie nouvelle et merveilleuse, son absence creusait en moi un grand vide, comme si elle eût emporté avec elle la seule partie intéressante de ma personnalité. Sentimentalement, j’étais dans un état flou et incertain ; mes anticipations de l’avenir se succédaient, différentes d’heure en heure, sans un point fixe où pouvoir me raccrocher ; et je n’avais même pas, pour fretter cette inconsistance, l’armature des routines extérieures. Je retombais dans une vie sociale autant et