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Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/244

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clinique, l’avaient envahie et saccagée, obligeant les infirmières à transporter les malades dans l’hôpital voisin.

— Vous voyez ça, Delvart, une bande de deux à trois cents énergumènes emplissant la rue Droite et hurlant : « À mort le Boche ! » Car j’étais pour eux un espion au service de l’étranger, qui avait empoisonné le pays volontairement ! L’agent de police et les deux gardes n’y pouvaient rien ; et on avait enfermé les gendarmes dans leur gendarmerie. Je soupçonne mon confrère le Dr Martin d’avoir plus ou moins monté le coup pour supprimer ma concurrence. Bref, j’ai dû fuir de nuit en auto avec ma femme et Mme Narinska, et nous réfugier à Marseille chez des amis. Cela se passait le jour où je venais de découvrir qu’une pommade à l’oxyde de plomb supprime radicalement les démangeaisons causées par la radio-activité des spores de lichen. Vous savez que les radiologues portent des gants au plomb pour se protéger les mains contre les radiations. Mais une pommade, personne n’en aurait voulu. Alors je l’ai remplacée par un savon à base de plomb, avec lequel il suffit de se lotionner matin et soir pour obtenir l’insensibilisation. À Marseille, mon produit lancé par une grande parfumerie, allait faire le bonheur de la population. Je voyais l’avenir me sourire de nouveau ; et afin d’en avoir le monopole à Paris, j’étais venu faire breveter mon invention.