Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/276

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Un omnibus à chevaux, Bastille-Madeleine, me véhicula, passif, jusqu’à l’Opéra ; puis un dernier effort pédestre, qui me parut interminable, pour atteindre la rue Cortot…

— Monsieur Delvart !

Un pied déjà sur la première marche de l’escalier, je fis halte.

La concierge était sortie de sa loge pour me dire quelque chose. Mais elle avait l’air marri et embarrassé, et ne se décidait pas à parler.

— Allons, qu’y a-t-il, madame Taquet ? Dites ?

— Eh bien, voilà. C’est bien embêtant, mais vous ne devez pas m’en vouloir, ce n’est pas de ma faute… Vous savez que j’ai attendu le plus possible pour faire la déclaration du lichen dans l’immeuble. Mais hier, il est venu un agent réclamer la feuille, et j’ai dû la donner… Alors, cette après-midi, vers 4 heures, les X de la Désinfection se sont amenés, avec leur voiture et tout leur fourbi de tuyaux à gaz, et ils ont opéré dans toute la maison. Il a fallu que je leur ouvre chez M. Noguès qui était absent aussi, et chez vous ; sinon ils auraient enfoncé les portes… Vous savez comme ils sont raides à présent, les X… Et dire qu’il va peut-être geler demain ! C’est un coup du sort, cette désinfection. J’ai peur qu’ils aient fait des dégâts chez vous, comme chez M. Noguès…

Ils en avaient fait. Les tentures et mes vêtements n’étaient pas trop abîmés par le brome gazeux, dont l’odeur persistait dans mon atelier malgré les fenêtres laissées