Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/279

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cette contingence, je me mis à repasser mon rasoir en modulant le leitmotiv de la Walkyrie.

La concierge sonna deux fois, selon son habitude, quand elle avait du courrier pour moi.

Le côté gauche de la figure rasé mais le droit encore barbouillé de mousse de savon, je courus ouvrir, craignant quelque contretemps… Si Aurore… ?

Le Matin, monsieur Delvart ! Le Matin qui reparaît !

Grâce à Dieu, ce n’est que cela !

— Merci, madame Taquet.

Et, très poli, je lui ferme la porte au nez… Zut pour son bavardage ! Elle m’a déjà fait peur, avec son coup de sonnette idiot !

Tout de même, ce journal va m’aider à passer une demi-heure… Terminons notre toilette, et installons-nous dans ce fauteuil.

Voyons. Dithyrambe de la direction, éloges au personnel, aux ouvriers… « Les prodiges de célérité qu’il a fallu accomplir pour remplacer par la vapeur l’équipement électrique dès rotatives… cinq jours seulement nous avons suspendu notre publication, et les premiers nous reparaissons aujourd’hui, devançant de vingt-quatre heures au moins les plus expéditifs de nos confrères… » (Allégation prématurée ! L’Intran reparut dès l’après-midi même, à son heure habituelle).