Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/56

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rouge, je dus accepter de la femme de chambre un solide coup de brosse, avant de quitter la clinique.

À l’hôtel Cendrillon, j’affrontai l’accueil gouailleur des Ricourt, en demandant, de l’air le plus naturel :

— Et votre excursion à Saint-Maximin ? Elle s’est bien passée ?

— Pas mal, ricana Géo. Et toi, hier ? On ne t’a pas vu de la soirée.

— Nous étions inquiets, dit la vieille dame. Nous vous croyions en panne dans la colline avec le docteur Alburtin.

Luce me toisait d’un air sardonique.

— Ah ! Tonton, tu lâches la peinture pour la médecine… et le camionnage… Mais je t’en veux d’avoir filé comme ça tout à l’heure. J’aurais aimé que tu me présentes ta jolie aviatrice.

Comme je détestais Luce ! comme je la trouvais vulgaire, avec son américanisme de contrebande, son rire bruyant et aurifié ! Quel mépris j’avais pour elle, désormais ; et que j’eus de peine, ce soir, à supporter ses brocards sans lui jeter au nez mon opinion toute nue !

Mais la pensée d’Aurore me soutenait, et ce fut d’un front d’airain que j’inventai les mensonges nécessaires pour répondre aux questions sur « Mlle Constantin », son pays, d’où elle arrivait, etc. Mais je faillis rougir quand Luce me dit :