Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/62

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— C’est ce que j’ai dit à mademoiselle, interjeta Alburtin, en vérifiant le gonflage des pneumatiques.

— Il me semble que c’est très simple, m’obstinai-je.

La jeune fille eut un petit ricanement.

— Il vous semble à tort, mon cher monsieur. En réalité, je n’ai qu’une chose à faire : disparaître. Je n’ai pas voulu partir de Cassis sans prendre congé de vous, mais il faut que je parte. Le docteur a l’amabilité de me conduire à la gare pour le train de 8 h. 15. Je serai à Marseille à 9 heures, et en repartirai par l’express de 14 heures qui me met à Paris à 5 heures du matin.

Tandis qu’elle parlait, une sonnerie, la sonnerie de l’entrée principale, avait grelotté vigoureusement à l’autre bout de la maison. J’allais répliquer, lorsque la porte du corridor s’ouvrit et la femme de chambre, l’air effaré, annonça :

— Monsieur le docteur, ce sont des messieurs du Petit Marseillais… Ils sont venus en auto et il y en a un qui a commencé à photographier avec son appareil. Ils ont insisté pour voir monsieur le docteur et mademoiselle, et j’ai dû les laisser entrer… Qu’est-ce que je vais leur dire ?

— Zut ! zut ! zut ! gronda Alburtin. Quelle bécasse vous êtes, Jeanne ! Je vous ai donné ordre de ne surtout pas les recevoir… Enfin, dites que je viendrai dans cinq minutes… que je fais une opération, un accouchement…