Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/67

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Enfin, après avoir bu à notre heureuse chance, il consentit à repartir.

— Et pour votre appareil, mademoiselle, n’ayez crainte ; je vais le faire emballer proprement avec le parachute et vous expédier les caisses en grande vitesse à Paris, en gare P. L. M. Je vous aviserai d’un mot, à l’hôtel… Métropole, n’est-ce pas ?

— L’hôtel Métropole, avenue de Villiers. Et n’oubliez pas de joindre la note de vos débours, docteur… Encore merci, vous avez été mille fois bon ; je n’oublierai jamais l’heureuse chance qui vous a mis sur mon chemin, M. Delvart et vous.

Sur une dernière poignée de main, le docteur rejoignit sa voiture, démarra et se perdit dans la cohue des véhicules.

Son départ nous laissa désorientés. À présent, assis à cette table de café, dans la foule indifférente, nous étions vraiment seuls. Seuls… et séparés. Où est, me disais-je, l’insoucieuse intimité d’hier et de la promenade aux calanques !… Bah ! intimité illusoire ! En évoquant devant moi ses souvenirs, elle m’a traité en bon camarade, voilà tout. Mais à cette heure, si nous parlions, ce ne pourrait être que de ces secrets qu’elle a laissés subsister entre nous. Et je ne vais pas commettre une nouvelle gaffe en sortant de mon rôle : je suis le bon camarade, qui respecte les secrets, et avec lequel on ne se gêne pas pour se livrer à ses préoccupations.

Aurore, silencieuse, fumait sa cigarette, l’air inquiet,