Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/8

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Mme de Ricourt, c’est Luce à 50 ans, et teinte en châtain foncé. Empâtée, bouffie, elle se sangle et s’étrangle pour « faire jeune ». A le snobisme de se croire à la page, se maquille, fume la cigarette, mais laisse à tout instant percer son irrémédiable passéisme.

Ces propos s’échangent devant les ruines de Tauroëntum, qui sont au bord de la plage des Lèques. On y voit dans une excavation, un reste de mosaïque peu reconnaissable, et trois énormes jarres de terre cuite, comme il s’en trouve encore chez les vieux paysans provençaux. Les vestiges d’une villa gallo-romaine. Ils m’ont laissé plutôt froid, comme les de Ricourt. Le Dr Alburtin, qui a pris l’initiative de nous y mener, est assez piteux, et par manière de compensation, il nous invite à prendre le thé, au petit hôtel de la plage, où sont restées les deux voitures : la « turbo », dans laquelle je suis venu de Cassis avec Géo et sa sœur, et la torpédo d’Alburtin, à qui Mme de Ricourt a donné la préférence, « parce que le docteur conduit comme un sage »…, c’est-à-dire qu’il ne dépasse jamais le 60.

Le Dr Tancrède Alburtin me plairait fort, sans sa manie de vous allonger à tout propos de grandes claques joviales sur l’épaule, y laissant sa main appliquée, de façon affectueuse et exaspérante.

Ce grand bonhomme quadragénaire, large de figure, blondasse de cheveux et de peau, a fait la guerre comme aide-major. Loin de crâner et de poser au héros, il