Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de me rembourser tout de suite son billet, s’il eût dû payer ces deux places de première, le portefeuille de l’aspirant Don Quichotte eût été, à quelques francs près, mis à sec.

Le trajet Marseille-Paris s’effectua sans incident ; mais quel mauvais train, cet express de 14 heures ! pas de wagons-lits ni de wagon-restaurant : il nous fallut prendre des paniers-repas, exécrables du reste, au buffet de Lyon-Perrache… Et des puces ! notre compartiment devait en être infesté. Les démangeaisons de la veille à l’hôtel Cendrillon me reprirent, plus violentes, et Aurore se grattait aussi. Le troisième voyageur, un Anglais taciturne, semblait en proie également aux puces, et il nous jetait des regards indignés, comme si nous étions responsables…

Et nous l’étions ! Je ne devais pas tarder à comprendre l’origine de cette épidémie du prurit… Aurore avait débouché la fiole à large goulot pour examiner avec moi dans le creux de sa main les « moisissures » rouges de chez Alburtin et la poudre impalpable expulsée par elles. Cette poussière était formée de spores microscopiques, et ces spores, comme devait bientôt l’apprendre aussi par expérience la population parisienne, constituaient un redoutable « poil à gratter ».

De plus, par suite de l’obstination de l’Anglais à lire ses magazines, les lampes électriques du compartiment avaient brûlé toute la nuit… pour notre plus grande