Page:Varlet - La Grande Panne, 1930.djvu/99

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nuit ? Je l’ai quittée à 11 heures 3/4 devant la porte du Métropole !

Mais à mesure que je lis, l’angoisse se desserre ; je me rends compte que cet interview n’est pas plus authentique que le message précédent. C’est la manœuvre de Cheyne qui continue et se développe. Pas un mot de tout cela n’a pu être prononcé par mon Aurette d’hier. Et d’abord cette photo d’elle, avec sa toque qu’elle ne porte plus ! Et cette interview, où a-t-elle été prise ? À Cassis ? À Marseille ? À Paris ? Le reporter ne le dit pas. Il se tait, « à la prière de miss Lescure » (et toujours ce « miss » ! qu’elle commencerait par faire rectifier en « mademoiselle » ) pour lui éviter la fatigue de visites trop multipliées de ses confrères, car « elle est encore très ébranlée par la commotion de son atterrissage brusqué »… Ah ! s’il l’avait vue trotter dans Marseille et dans Paris avec moi, le journaliste !… Voici la photo de l’espèce de scaphandre qu’elle aurait revêtu pour sortir de la Fusée et se promener sur la Lune. Voici les pépites d’or ramassées lors de son « allunissage »… Il se croit spirituel, le reporter qui a trouvé ce mot grotesque ! Trois lignes sur le « chalut à météorites », mais rien sur la récolte qu’elle a faite en réalité… la seule ! Ah ! et pour finir le « businessman » qui laisse passer le bout de l’oreille, long comme le bras :

« La Moon Gold Mines Society Limited, fondée par Lendor-J. Cheyne, au capital de 80 millions de dollars, va recevoir de ces nouvelles une impulsion prodigieuse.