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CHAPITRE III

J’ai eu à peine le temps de me reposer. À quatre heures du matin, tous les chasseurs se réunissent dans la grande salle. Il y a là des choses délicieuses à manger et je me gave sans fausse honte.

Mais j’ai un peu peur de regarder les autres. Si on voyait ce qui s’est passé cette nuit. Si l’on s’apercevait que je ne suis plus vierge… Non, bien sûr, ce n’est pas possible… Papa vient près de moi, embrasse mon front, me tapote les joues, me contemple tendrement.

— Vraiment, Florence, il faudra bientôt qu’on te marie, tu es une vraie femme, maintenant… Tout au moins, tu es de l’étoffe dont on les fait.

— J’ai bien le temps, papa ; je suis heureuse comme ça.

— Tant mieux. Moi, dans le fond, je préfère te garder le plus longtemps possible. Des femmes dans une maison, il n’y en a jamais trop.

Je vais aider maman qui sert ses invités. Elle me jette un regard pénétrant sous lequel je rougis.

— Tu n’as pas un peu de fièvre ? Tu es bizarre ce matin.

— Non, je vais bien, je t’assure.

Je porte à Antal et Claude deux verres de Xérès.

— Tu es vraiment en forme ce matin, fait Claude.