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— Je m’appelle Jacques Anglade.

— Grand Dieu !

— Qu’y a-t-il ?

— Ce serait trop long à vous expliquer… moi, je suis Florence… Nous vous attendions bien avant… Quand êtes-vous arrivé au château ?

— Il y a une heure environ. J’étais en voiture et j’ai eu une panne…

Un moment, j’ai l’intention de lui dire :

— Fichez-moi le camp et qu’on ne vous revoie plus. Personne ne se doutera de rien.

Mais il ne comprendrait pas. Il ne sait pas, lui, la chose invraisemblable, stupéfiante ; qu’il est mon demi-frère, un de ceux que papa confectionne sans l’aide de maman ; l’enfant comme qui dirait de la main gauche.

Papa, hier justement, m’a fait cette confidence sous le sceau du secret. Il n’y a personne comme lui pour me confier des secrets compromettants quand ils peuvent lui faire de la publicité.

Papa, sans doute, trouve que cela fait bien d’avoir un enfant naturel en dehors des liens du mariage.

Évidemment s’il pouvait en avoir deux, cela serait mieux, et trois, plus épatant encore. Ces choses-là, c’est au mètre cube que cela se mesure.

S’il arrivait à prouver que tous les sujets de la Bosnie-Herzégovine, actuellement en âge d’être appelés sous les drapeaux, sont ses fils, je crois qu’il n’y résisterait pas !