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CHAPITRE IV

Tante Valère et tante Paule ajustent leur face-à-main et disent, avec un ensemble parfait :

— Tu as encore embelli, Florence !

— Les chasses me réussissent toujours !

— Et vous voilà à Paris pour tout l’hiver ?

— Oui, à moins de contre ordre. Je suis tout de même bien contente d’être revenue.

Je ne leur dis pas pourquoi. Mais au fond de moi, je pense à ce qui m’est arrivé. C’est bien peu de choses. Deux étreintes rapides qui m’ont révélé un domaine inconnu. Il n’en faut pas plus pour mettre en moi une ivresse nouvelle, un goût de la vie qui me tourmente brusquement.

La semaine des chasses m’a trouvée paisible, heureuse, sans désir presque. Et voici que dans ce salon couvert de housses, plein de fauteuils bas, de prie-Dieu, de bibelots inutiles qui s’étalent puérilement, un grand élan me porte vers l’amour.

C’est intime et suggestif, on ne voit pas trop clair, la pénombre légère a l’air de dire :

— Personne ne te regarde, fais ce que tu veux. Tu sais bien ce que tu veux.

Que j’en ai des souvenirs, ici ! Des souvenirs solitaires !…