hautain de Cimabue avait sinon ouvert la voie, au moins marqué le point de départ.
Il faut des génies fermes et constants pour indiquer les premiers mouvements ; il faut des talents souples et actifs pour les accroître en les manifestant. Giotto, comme tous les grands vulgarisateurs, eut une adresse infinie, une inépuisable fécondité, une incroyable audace, un irrésistible entraînement. À lui seul, il semble avoir consommé une révolution dans son art. En effet, si l’on pouvait attacher aux efforts de Giotto le sens rigoureux qu’on leur a prêté, et voir dans ces efforts une véritable rébellion contre les préceptes imposés par la religion et les formes consacrées par la tradition, on serait forcé de reconnaître qu’il eût été impossible à la théocratie la plus forte d’en venir à bout.
Que sera-ce donc, si l’on ne doit pas séparer le Giotto du cortège de ses contemporains et de tant de grands hommes sur la valeur et la mission desquels il est de toute impossibilité qu’on se méprenne ? Donc, s’il était vrai que jamais il eût existé une tradition symbolique, et mystique dans le sens pur de ces mots, il était impossible qu’elle se maintînt longtemps et exclusivement. Giotto avait regardé la nature avec intelligence, il avait caressé son imitation avec amour : le moment de ces démarches était venu, puisqu’elles se trouvèrent dans un si exact rapport avec les appétits artistiques de son temps. Or, il faut penser à l’énorme activité de cet homme dont l’apostolat traversa en tous sens l’Italie et s’étendit jusqu’en France,