Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
312
BUONAMICO BUFFALMACCO.

Aurélien et des Probus, au milieu des plus vastes travaux, quand les artistes grecs et romains méconnaissaient déjà les principes anciens et négligeaient les règles les plus consacrées, les ignoraient-ils ? Assurément non. Quand, par exemple, la sculpture dégradée tombait dans l’oubli le plus effronté des types élaborés par une si longue et si glorieuse succession de grands maîtres, quand elle se traînait dans la plus grossière inobservance du mouvement, de l’ensemble, des longueurs, des attaches, des plans et des lignes, que s’était-il passé de nouveau pour expliquer cette abjection, ou plutôt ce cynisme ? La secte nouvelle, les hordes barbares, n’avaient point frappé encore de leur marteau la statuaire antique. Elle était toujours radieuse sur son piédestal. Les canons qu’avait rédigés Polyclète de Sicyone, ceux qu’Agoracrite, l’élève chéri de Phidias, avait recueillis sous la dictée de son maître, et ceux de tant d’autres conservés par la tradition, circulaient encore dans les ateliers alors qu’on s’en moquait déjà. La satiété, le dégoût, la désaffection, et puis l’indifférence, pervertissaient les principes, inutilisaient la science, méprisaient les règles. Mais ces principes, cette science, ces règles, couraient les rues. Tous les monuments de l’art encore intègres les montraient à qui voulait les voir ; et, si après mille ans, en mesurant et en étudiant leurs ruines, les artistes de la renaissance ont pu reconquérir autant qu’ils l’ont voulu la science et le goût antiques, il faut bien reconnaître que les derniers temps de l’empire avaient tout laissé aller à la débandade, plutôt par