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BUONAMICO BUFFALMACCO.

ne puisse démêler ce qui leur peut appartenir en propre, ce qui doit se reporter et s’attribuer exclusivement au moyen-âge prêt à s’évanouir, ou à la renaissance prête à rayonner ? Si cela est, il faut le dire, au moins ; car, en fait de théorie et d’histoire, ces sortes d’aveux préviennent beaucoup d’écarts et d’erreurs. Et le terrain de nos écoles, le champ de nos croyances, ne seraient pas médiocrement balayés et rendus praticables, si tous les gens qui se mêlent d’écrire et de parler, et qui n’ont pas réfléchi à la transition délicate dont nous nous occupons ici, consentaient à ne pas se répandre néanmoins en distinctions et en délimitations tranchantes. Beaucoup de gens croiraient alors qu’entre le double terme où l’art du moyen-âge bien connu, bien apprécié, était en pleine vigueur, et où l’art de la renaissance, également compréhensible et lisiblement écrit, régnait sans partage, il y avait un art intermédiaire et neutre participant de l’un comme de l’autre ; empruntant son éclat et ses mérites aux principes et aux allures conservées de l’un, ainsi qu’à ses regrets ; aux recherches et aux essais de l’autre, ainsi qu’à ses espérances. Mais un parti si sage, qui semble si voisin du vrai, et qui m’empêche pas qu’on en approche davantage, qui au contraire invite à fouiller mieux les choses et à les regarder de plus près, ne convient pas aux aigles de la critique exclusive. À ces fortes intelligences qui, en quelques pages, en quelques lignes peut-être, résumeraient l’histoire du monde, il faut de grandes masses qui puissent supporter le poids de leurs grandes pensées. Il faut à