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BUONAMICO BUFFALMACCO.

Quand le génie du moyen-âge, longtemps retenu et impatient de monter enfin à son apogée, annonce, par sa propre plénitude, que les jours de son déclin vont bientôt venir, on verrait poindre déjà le génie de la renaissance. Dans leur naïve union, sous leur mutuelle influence, ont surgi des œuvres sans doute virginales, mais au sein desquelles est allumé déjà le feu des désirs, et déposé le germe des combats qui sont réservés aux temps qui suivront. L’héroïque courage, la sainte confiance de Grégoire VII constataient à peine la consommation de l’œuvre catholique et le triomphe de l’idée qui, depuis Constantin, agitait le monde pour le transformer, que la première aurore de la renaissance était déjà levée. Le vieux Buschetto construisait sa basilique peu de temps après, l’an 1000, alors qu’Azon et les autres Normands édifiaient leurs cathédrales. En Italie comme dans le Nord, en Espagne comme dans la Germanie, un mouvement sympathique avait circulé et partout s’était fait sentir. Les grands mobiles de l’art, longtemps comprimés, longtemps amortis, reprenaient une vie nouvelle et préparaient leur futur essor, par un aveu naïf de la personnalité humaine et une confiante renonciation à la routine. Dans le Nord comme dans le Midi, on commençait à ne plus vouloir se traîner dans les errements de l’art byzantin, ni s’enfermer davantage dans des œuvres qui ne restaient peut-être avant tout anonymes, que parce que l’inspiration et l’originalité leur manquaient encore. Dans le Nord comme dans le Midi, l’art cherchait sa voie : il échappait aux nécessités brutales, il s’affranchis-