Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/376

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du pinceau. Que ceci soit vrai ou non, l’envie l’a dit et l’a fait prouver par la torture. Le vieux Bianchini, le jeune Bozza, l’habile prédécesseur, l’habile continuateur de Francesco et de Valerio, déclarèrent avec une égale fureur les œuvres des deux frères impossibles à réaliser sans le mensonge et la fraude, qui seuls pouvaient les expliquer. Le Titien et le Tintoret, malgré leur mésintelligence, se rapprochèrent pour les défendre avec une égale sympathie. La mosaïque avait raison de condamner ces hommes qui n’étaient point de serviles ouvriers ; la peinture avait raison de les absoudre, parce qu’ils étaient de grands artistes. Après les prospérités de la mosaïque dans l’école vénitienne, il ne nous reste plus qu’à inscrire ses derniers triomphes, et son agonie à Rome. « La mosaïque alors, dit Lanzi, atteignit son plus haut point de perfection. Elle devint l’imitation de la peinture, non plus par le moyen de petites pierres de plusieurs couleurs, choisies et rapprochées entre elles, mais par l’emploi d’une composition qui peut soutenir toutes les couleurs, rivaliser toutes les demi-teintes, présenter toutes les gradations, toutes les transitions, presque aussi bien que le ferait le pinceau.[1] » Baglione appelle cette amélioration la manière de travailler les mosaïques à l’huile, et donne pour le dernier mot de l’art le travail de la chapelle grégorienne, exécuté par Muziani, son inventeur. Il se trompe cependant. Muziani devait encore être dé-

  1. Lanzi, t. II, p. 334. (traduction de mad. Armand Dieudé.)