Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/410

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de l’autre côté les élus pleins d’allégresse sont transportés à la droite des bienheureux par une cohorte d’anges, guidée par l’archange Michel. Toutes ces figures sont autant de portraits de magistrats, de guerriers et d’autres seigneurs, dont malheureusement aucun écrivain ne nous a conservé les noms. On dit seulement que Innocent IV, ami de Manfredi, s’y trouve sous ses habits pontificaux.

Après avoir achevé ces travaux et quelques sculptures pour la Madone du Ponte-Vecchio, l’Orcagna laissa son frère Bernardo peindre, dans le Campo-Santo, l’Enfer qui fut endommagé l’an 1530, et restauré par le Sollazzino. De retour à Florence, Andrea reproduisit dans l’église de Santa-Croce ses compositions du Campo-Santo, à l’exception cependant de saint Macaire, des trois rois et des ermites retirés sur la montagne. Du reste il se montra encore meilleur dessinateur qu’à Pise, et il ne changea guères que les têtes de ses personnages. Il introduisit ainsi ses amis dans le paradis, et ses ennemis dans l’enfer. Parmi les élus on voit son protecteur, le pape Clément VI, ami des Florentins, qui avait réduit le jubilé de cent ans à cinquante, et Maestro Dino del Garbo, médecin célébré, revêtu du costume des docteurs de ce temps, et la tête couverte d’une barrette rouge, ornée de fourrures (2). Au nombre des damnés, Orcagna plaça le Guardi, huissier de la commune de Florence, qui avait un jour saisi ses meubles. Un démon harponne avec un crochet ce malheureux, que l’on reconnaît aux trois lys rouges de sa barrette blanche. À côté du Guardi se trouvent