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GHERARDO STARNINA.

exclusive de Florence. En effet, pourquoi les Grecs, si Grecs il y a, n’eussent-ils pas instruit dans leur art tous les Italiens à la fois ? Pourquoi la religion chrétienne n’eût-elle pas tiré un tribut pareil des vestiges de l’art grec et de l’art romain, aussi bien à Venise, à Naples, à Milan, à Rome, que dans la seule Florence ? L’art antique couvrait l’Italie entière de ses débris. L’Italie entière commerçait avec la Grèce du Bas-Empire et s’ouvrait aux Grecs voyageurs. Beaucoup de ces villes purent donc avoir leur Cimabue ou leur Giotto, à la consécration duquel il n’a manqué peut-être qu’un historien aussi accrédité et en aussi bonne position que le Vasari. Mais une fois ceci accordé, peut-on nier la haute influence de l’art florentin et son active propagation dans le quatorzième siècle ? Est-il nécessaire d’apporter ici des témoignages positifs, péniblement rassemblés, pour établir que les Florentins, les Pisans, les Siennois, les gens de Lucques, de Pistoia, d’Arezzo, de Fiesole et de tous les points de la Toscane, se répandirent dès lors, non seulement en Italie, mais dans toute l’Europe. Les progrès de Florence surtout ont servi à l’avancement de l’art. Florence envoyait partout ses maîtres et recevait de tous côtés ses disciples. Nous avons parlé des excursions du Giotto, à Milan, à Bologne, à Vérone, à Padoue. La plupart des peintres de ces deux dernières villes, sœurs de Venise, suivirent pendant longtemps les principes du Giotto, avec autant de fidélité que le purent faire à Florence même les Stefano et les Gaddi. Le célèbre Giusto de Padoue