Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/525

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par la biographie de Lorenzo di Bicci, qu’il nous présente comme le dernier peintre qui se soit rattaché aux principes du Giotto. Nous dirons ailleurs combien la classification en trois grandes séries des artistes que notre auteur passe en revue, toute ingénieuse qu’elle paraisse d’abord, serait cependant arbitraire et dangereuse si l’on voulait la prendre exactement au pied de la lettre. L’histoire de l’art se prête moins que toute autre à ces catégories et à ces délimitations positives et tranchées. Ceux qui acceptent tout sans examen, et qui ne voient que par les yeux d’autrui, sont entraînés par là dans de fâcheuses erreurs. Ce qui est certain, c’est que le Vasari nous a montré des sectateurs obstinés de l’art byzantin, longtemps après que le Giotto l’eut ruiné et en quelque sorte terrassé. Nous verrons de même, longtemps après les progrès introduits par Paolo Uccello et Masaccio, bon nombre d’artistes se refuser à en tenir compte, et se renfermer d’autant plus étroitement dans les affections primitives de l’école, que tout les conviait à en accepter de nouvelles. Et pourquoi ne pas le dire ? parmi ces artistes, plusieurs se trouveront qui, pleins de mérite, sauront donner à leurs œuvres ce charme indéfinissable que la naïveté et la dévotion attachent souvent aux productions retardataires.

Après ces observations, ou plutôt après cette restriction apportée au sens des paroles du Vasari, et à la rigueur de sa classification, nous pouvons accorder que Lorenzo di Bicci n’est ni mal placé, ni mal envisagé dans le lieu et sous l’aspect où le Va-