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Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/583

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LUCA DELLA ROBBIA.

parents il ne vivait plus à Florence que son frère Luca, l’appela auprès de lui pour le mettre dans le chemin de la fortune ; mais les choses tournèrent autrement : Luca ne tarda pas à mourir, et Girolamo demeura seul et le dernier de sa famille. Il résolut alors d’aller jouir dans sa patrie des biens qu’il avait acquis à la sueur de son front. L’an 1553, il s’était déjà établi à Florence, ou il voulait laisser quelque souvenir de lui. Il espérait être honorablement employé par le duc Cosme ; mais voyant ce prince tout occupé de la guerre de Sienne, il changea de pensée et retourna mourir en France. Sa maison resta fermée, sa famille éteinte, et l’art perdit avec lui le secret des émaux. Il est vrai que depuis on s’est occupé de ce genre de travail, mais jamais personne n’a pu atteindre la perfection obtenue par le vieux Luca, par Andrea, et par tous les autres artistes de cette famille.

Si je me suis aussi longuement étendu sur les terres cuites émaillées de Luca, c’est qu’il fut l’inventeur de ces nouvelles sculptures qui, assurément, n’étaient pas connues chez les anciens Romains. Si j’ai parlé ensuite de ses descendants qui ont vécu jusqu’à nos jours, c’est que j’ai voulu n’avoir plus à revenir sur ce sujet. Luca ne passa point du marbre au bronze et du bronze à la terre par fainéantise, par caprice, par inconstance, ni par dégoût de son art, mais parce qu’il obéissait à un penchant naturel vers les choses neuves, faciles et lucratives. En enrichissant le monde et les arts du dessin d’une invention belle et utile, il acquit une gloire immortelle.