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LUCA DELLA ROBBIA.

Égyptiens à émailler leurs vases les plus communs en rouge, en bleu, en vert ou en jaune, ainsi que leurs animaux symboliques, leurs figurines et leurs statuettes de divinités. Les Phéniciens, qui ont travaillé le verre, n’ont pu rester étrangers à l’emploi de l’émail, et ont dû en transmettre l’usage aux Hébreux, lesquels, comme on le sait, leur ont emprunté toutes leurs acquisitions artistiques. Les Grecs, les Romains connurent également ce procédé ; leurs vases, leurs mosaïques en font foi. Les Perses, les Chinois ont de tout temps soumis l’émail à une foule d’applications d’utilité domestique ou de pure fantaisie. On prétend même que l’invention de Luca della Robbia appartient à la Chine, d’où elle serait passée en Italie, après avoir reçu le nom de majolica dans l’île de Majorque. Philostrate nous apprend que l’art de l’émailleur ne fut pas oublié dans les premiers siècles de l’ère chrétienne. Les Arabes, au huitième siècle, l’importèrent en Espagne, où il ne tarda pas à prendre une vaste extension, tant pour l’ornement de l’intérieur des maisons que pour la représentation de sujets historiques. À la même époque, on voyait un Christ émaillé figurer sur la croix pectorale des évêques de Monza ; et deux cents ans auparavant, saint Colomban dotait l’église d’Auxerre de riches émaux sur argent. Au dixième siècle, le savant moine lombard Théophile, dans son ouvrage intitulé : Diversarum artium Schedula, décrit les procédés de l’art d’émailler les vases d’argile et de verre. Au douzième siècle, les émaux de Limoges sont célèbres