Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/617

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mais manquaient de finesse. Le modèle de Francesco di Valdambrina renfermait de bonnes têtes, et était bien réparé ; mais la composition en était confuse. Celui de Simone da Colle, remarquable par la pureté de la fonte, péchait par le dessin. Niccolò d’Arezzo avait fait preuve d’une grande connaissance du métier ; mais ses figures étaient lourdes et mal réparées. Seul, le modèle de Lorenzo, que l’on conserve encore aujourd’hui dans la salle de la communauté des commerçants, était parfait dans toutes ses parties. Le dessin et la composition étaient irréprochables, les figures sveltes et gracieuses, et l’exécution d’un fini précieux et inimitable. Donato et Filippo Brunelleschi, frappés de la supériorité de cet ouvrage, se retirent à l’écart, s’interrogent réciproquement, et se confessent vaincus. Ils reconnaissent que leur rival, alors seulement âgé de vingt ans, a mieux réussi que tous les autres, et que sa jeunesse fait encore espérer davantage pour la gloire de sa patrie. « Il serait plus honteux, disaient-ils, de lui disputer la palme, qu’il n’y a de générosité à la lui céder. »

Lorenzo disposa, sans retard, un modèle encadré dans une bordure dont les côtés étaient ornés de bustes. Dès que son moule fut terminé, il construisit avec soin, dans un atelier qu’il avait acheté en face de Santa-Maria-Nuova, à l’endroit où est aujourd’hui l’hôpital des tisserands, un immense fourneau que je me rappelle avoir vu. Il procéda ensuite à l’opération de la fonte ; mais elle ne réussit pas bien. Ce malheur ne le découragea point ; il