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pour donner une nouvelle vie à l’architecture. Depuis plusieurs siècles, des édifices mal dessinés, mal distribués et surchargés des ornements les plus bizarres et les plus extravagants, absorbaient des trésors immenses, lorsque Filippo éleva le plus vaste et le plus beau monument que la terre ait porté. Il montra que le génie, pour être resté longtemps caché, n’était cependant point mort en Toscane.

Filippo était doué des plus rares qualités. Personne ne fut plus affable, plus bienveillant, que lui. Jamais il ne sacrifia le mérite des autres à son intérêt personnel ou à celui de ses amis. Il était toujours disposé à prêter son assistance à ceux qui la réclamaient. Ennemi déclaré du vice, il recherchait la société des gens vertueux. Tous ses moments étaient consacrés à des œuvres utiles. Dans ses promenades, il visitait ses amis, et se plaisait à leur prodiguer ses conseils et ses secours.

Ser Brunellesco, père de notre artiste, jouissait à Florence d’une excellente réputation. Il était fils de Filippo Lapi ; son aïeul, appelé Cambio, avait cultivé les lettres, et son bisaïeul, connu sous le nom de Maestro Ventura Bacherini, avait pratiqué la médecine. Ser Brunellesco épousa une jeune fille de la noble famille des Spini (1), qui, entre autres choses, lui apporta en dot une maison située vis-à-vis de San-Michele-Berteldi  (2), un peu plus loin que la place degli Agli. Il habitait cette maison, lorsque, l’an 1377, il eut un fils auquel il donna le nom de son père, Filippo. Le nouveau-né fut accueilli avec une joie extrême par ses parents. Des