Aller au contenu

Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/721

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’échappait à sa vigilance ; on ne plaçait pas une pierre, qu’il ne l’eût examinée lui-même. Quant à Ghiberti, bien que vaincu et tant soit peu humilié, il sut encore tirer parti du crédit de ses amis, de telle sorte, qu’il conserva son traitement, en prouvant qu’on ne pouvait le congédier avant trois années révolues.

Pour les moindres choses, Filippo exécutait des dessins et des modèles, et, afin de simplifier les procédés de la bâtisse, inventait d’ingénieuses machines. Mais chaque jour il se voyait obligé de lutter contre les amis de Ghiberti, qui présentaient de nouveaux plans pour le contrecarrer. Tantôt c’était un certain Antonio de Vercelli, tantôt c’était un autre maître, qui venait l’ennuyer par son bavardage, son peu de savoir et sa maigre intelligence.

Les chaînes des huit pans de la coupole étaient terminées, et les travaux marchaient rapidement, lorsque les maçons, irrités des exigences de Filippo et cédant aux instigations de l’envie, formèrent un complot et déclarèrent qu’ils ne travailleraient plus si l’on n’augmentait leur salaire, qui déjà était plus élevé que d’ordinaire. Pour sortir de cet embarras qui contrariait fortement les intendants de la fabrique, Filippo renvoya tous ses ouvriers un samedi soir. Le lundi suivant, il employa dix Lombards qu’il dirigea lui-même en leur disant : Faites ceci, faites cela. Il les instruisit si bien en un seul jour, qu’ils continuèrent de travailler pendant plusieurs semaines. Les maçons révoltés ne tardèrent pas à se repentir de leur escapade et à supplier Filippo de leur par-