Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/756

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les lettres et les sciences s’enrichir. Ambitieux de faire pour son art ce que Dante et Pétrarque avaient fait pour la poésie, il courut demander aux vieux édifices de Rome les secours que Virgile et Homère avaient fournis à ses illustres compatriotes pour accomplir leur œuvre de rénovation. C’était donc une réforme complète qu’il voulait tenter. Pour lui, comme pour les deux poètes florentins, il s’agissait de rétablir la souveraineté de la science et de rendre à la nature ses imprescriptibles droits. Aussi avec quelle ardeur n’interrogea-t-il pas tous les monuments de l’ancienne Rome ! L’histoire ne nous l’a-t-elle pas montré « étudiant tous les édifices qui se présentaient à lui, temples circulaires, carrés, octogones, basiliques, aqueducs, bains, arcs de triomphe, colysées, amphithéâtres ? » Et rien ne lui échappa, ni de leur ensemble, ni de leurs détails. Il découvrit et les raisons de leur solidité et de leur forme, et les divers systèmes de leur construction, et les procédés de la mise en œuvre de leurs matériaux : en un mot, toutes les pensées qui avaient présidé à leur exécution. Si, comme on l’a prétendu, le pur amour de l’art n’était pas le seul mobile qui le guidât dans ces longues études, il faut avouer néanmoins qu’il avait bien mérité de réaliser le fruit de ses travaux, et l’on sait quels déboires il eut à essuyer pour obtenir la permission de doter sa patrie d’un chef-d’œuvre. Puis Florence et l’Europe entière battirent des mains lorsqu’enfin, malgré les ignorants et les envieux, il eut jeté sur l’église d’Arnolfo di Lapo sa merveilleuse coupole.