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travaux que nous pouvons nous permettre de passer sous silence.

La première sculpture qui le fit connaître fut une Annonciation en pierre de macigno, accompagnée de six petits Enfants qui tiennent des guirlandes, et supportée par un piédestal orné de grotesques. Ce précieux morceau est placé sur l’autel de la chapelle des Cavalcanti, à Santa-Croce de Florence. Donato déploya un art étonnant dans la figure de la Vierge. Saisie de crainte à l’apparition imprévue de l’ange, Marie reçoit avec une gracieuse timidité et l’expression d’une humble reconnaissance la nouvelle de sa mission divine. Les draperies qui couvrent la Vierge et l’ange Gabriel sont traitées avec une égale perfection. On sent que Donato s’efforcait d’arriver à la beauté antique, oubliée depuis tant d’années. Enfin, cet ouvrage se distingue par une entente si judicieuse de la composition, par un dessin si correct, et par une facilité d’exécution si heureuse, que l’on ne saurait désirer rien de mieux.

Dans la même église, près du tableau de Taddeo Gaddi, Donato laissa un Crucifix en bois qui lui avait coûté beaucoup de peine et de travail. Lorsqu’il l’eut achevé, croyant avoir enfanté un chef-d’œuvre, il le montra à son ami Filippo Brunelleschi, en le priant de dire ce qu’il en pensait. Filippo, qui, sur les paroles de Donato, s’attendait à trouver quelque chose de mieux, ne put s’empêcher de sourire. Donato s’en aperçut et le somma, au nom de l’amitié, de s’expliquer. Brunelleschi lui dit alors