Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/792

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les turpitudes, toutes les scélératesses, pour s’en souiller la face.

À qui l’art dut-il ensuite obéir ? quels furent ses nouveaux maîtres ? un fou, un imbécile, un histrion, Caligula, Claude, Néron. Caligula, cet insensé qui ordonnait à la lune quand elle était pleine de venir coucher avec lui ; Caligula, cet infâme qui, encore enfant, préludait par l’inceste avec une de ses sœurs au viol de toutes les autres ; puis Claude, cette brute qui par son aspect stupide excitait le mépris de sa mère elle-même ; Claude, ce poltron qui se cachait derrière une porte lorsqu’un soldat lui jeta le diadème des Césars[1] ; Claude, ce lâche qui n’avait pas assez de caresses pour Messaline, lorsque cette reine des prostituées daignait descendre sur le lit nuptial, au sortir du lupanar où elle s’était vendue aux portefaix et aux matelots ; enfin Néron, le divin chanteur qui incendiait Rome en s’accompagnant sur le luth ; Néron, le divin danseur qui déployait ses grâces dans les fêtes nocturnes, aux lueurs sanglantes des flambeaux où brûlaient les chrétiens revêtus de tuniques imprégnées de poix[2] ; Néron, le divin poète qui se mariait à des hommes, et inven-

  1. Neque multò post, rumore cædis exterritus, processit ad solarium proximum, interque prætenta foribus vela se abdidit : latentem discurrens fortè gregarius miles, animadversis pedibus, è studio sciscitandi quisnam esset, agnovit, extractumque, et præ metu ad genua sibi accidentem, imperatorem salutavit.Vita Claudii, cap. 11, pag. 202, edit. 1761.
  2. Nero quæsitissimis pœnis adfecit quos per flagitia invisos vulgus christianos appellabat. — Et pereuntibus addita ludibria, laniatu canum interirent, aut crucibus affixi, aut flammandi, atque ubi defecisset dies, in usum nocturni luminis urerentur. — Tacit. Annal., lib. xv.