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Page:Vasari - Vies des peintres - t1 t2, 1841.djvu/901

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de la lecture s’emparait de lui, la faim, le besoin de sommeil et de repos étaient impuissants à le distraire de ses livres, puis la satiété arrivait, et rien ne lui était plus odieux que la vue d’un livre : chaque lettre, disait-il, se transformait pour lui en scorpion. Il trouva un agréable délassement dans la musique qu’il avait apprise sans maître, et cependant on le regardait comme le plus habile organiste de son temps. Il se retrempait, il prenait une nouvelle vie en passant des travaux abstraits des mathématiques, du droit et de la philosophie, au dessin, à la peinture, à l’architecture, aux jeux de la gymnastique.

Les dons de l’esprit ne furent pas les seuls qui le distinguèrent. Ses qualités corporelles auraient excité l’envie des Grecs. Sa force égalait son agilité à la course et son adresse dans le maniement des armes et des chevaux. Une flèche, partie de sa main, transperçait la plus épaisse cuirasse de fer. Il sautait à pieds joints par dessus dix hommes debout sans effleurer la pointe de leurs cheveux. D’un doigt, il lançait avec tant de vigueur une petite pièce de monnaie, que celui qui se tenait à ses côtés l’entendait siffler dans les airs et résonner en frappant une muraille éloignée de trois cents pieds. Sous son éperon l’étalon le plus fougueux, le plus indompté, tremblait et frémissait de tous ses membres comme un daim sous la griffe d’un lion.

Alberti semble n’avoir rien négligé de ce qui peut faire d’un homme un type de perfection. Chez lui les plus minces détails concourent à l’harmonie et