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Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/15

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ANTONELLO DE MESSINE.

avaient si longtemps désiré. De nombreux essais lui prouvèrent que ce vernis, étant sec, ne craignait point l’eau, donnait aux couleurs une grande solidité, les animait, les rendait brillantes, et (ce qui lui parut encore plus admirable) les unissait beaucoup mieux que la détrempe. Enchanté de cette découverte, comme on peut facilement le concevoir, Jean de Bruges entreprit un grand nombre de travaux, qui lui procurèrent d’énormes profits et émerveillèrent les peuples. De jour en jour, éclairé par l’expérience, il faisait de nouveaux progrès. La renommée de son invention se répandit non-seulement en Flandre, mais encore en Italie et dans d’autres pays. Tous les artistes désiraient vivement connaître ses procédés ; mais ils ne pouvaient que le louer et lui porter envie, car Jean de Bruges montrait bien ses ouvrages, mais ne consentait pas plus à travailler en présence de qui que ce soit, qu’à livrer son secret. Enfin, étant devenu vieux, il le confia à Roger de Bruges, son élève, qui le transmit à Ausse et à plusieurs autres. Les marchands achetaient toutes les productions de ces artistes, et les envoyaient de tous côtés aux princes et aux grands personnages ; mais le secret ne sortait pas de la Flandre. Ces peintures conservant, surtout lorsqu’elles étaient fraîches, l’odeur que produisent les huiles mêlées avec les couleurs, il paraissait possible de deviner la recette, cependant jamais personne ne la découvrit.

Quelques Florentins, qui commerçaient avec la Flandre et Naples, ayant envoyé au roi Alphonse Ier