Dans ces temps, vivait à Florence Filippo, fils de
Fra Filippo del Carmine. Ce peintre, doué d’un beau
génie, suivit les traces de son père. Dans sa jeunesse,
il fut guidé par Sandro Botticello, bien que
son père l’eût confié en mourant aux soins de Fra
Diamante, son intime ami, qu’il regardait presque
comme son frère.
Filippo déploya dans ses peintures une richesse d’invention extraordinaire, et fut le premier à enseigner aux modernes l’art de varier les costumes et de draper les figures à l’antique. Il fut encore le premier à remettre en honneur les grotesques imités de l’antique (1), et il réussit à les exécuter avec plus de dessin et de grâce que tous ceux qui l’avaient précédé. Les bizarres et étranges caprices qu’il sut exprimer sont vraiment merveilleux. Jamais il ne fit un tableau sans y introduire des antiquités romaines, telles que des vases, des trophées, des étendards, des cimiers, des armures, des sabres, des épées, des toges, des manteaux et une foule d’autres choses qui ajoutent à la beauté de l’art, et méritent à Filippo nos éloges et notre reconnaissance (2).