Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/334

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peignit, au-dessus d’un lavoir, un Christ qui demande à boire à la Samaritaine. Il est inutile de parler de ses autres productions, qui sont fort ordinaires.


L’honneur d’avoir introduit les grotesques dans la peinture moderne appartient, non à Filippo Lippi, ainsi que le croit Vasari, mais au padouan Squarcione, qui vivait plus de soixante ans avant lui, et qui était allé jusqu’en Grèce pour étudier les chefs-d’œuvre de l’antiquité. Néanmoins, comme Vasari n’a point écrit la biographie de ce peintre, dont nous parlerons dans l’un des derniers commentaires de cet ouvrage, nous croyons bon d’exposer, dès à présent, quelques considérations sur cette importante branche de l’art à laquelle Raphaël et sa glorieuse école ont donné tant d’éclat.

Les représentations de fleurs, de fruits, d’arbustes, de rinceaux, de festons réunis parfois à des édifices, à des meubles, à des ustensiles et à des animaux fantastiques, composent le fond de ce genre de peinture que l’on désigne sous le nom de grotesques, ou plutôt sous celui d’arabesques, qui a prévalu. Il est vrai qu’on a cherché à établir, entre les grotesques et les arabesques, une différence analogue à celle qui existe entre ces deux mots. Les arabesques indiqueraient les ornements où les Arabes n’employèrent que des plantes, des fleurs, des feuillages, des enroulements, suivant les prescriptions