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Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/337

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des roseaux qui soutiennent un entortillement de tiges, de plantes cannelées, avec leurs feuillages refendus et tournés en manière de volutes. On fait porter de petits temples à des candélabres d’où, comme s’ils avaient des racines, on fait élever des rinceaux, sur lesquels sont assises des figures. En d’autres endroits, l’on voit d’une fleur sortir des demi-figures, les unes avec des visages d’hommes, les autres avec des têtes d’animaux ; toutes choses qui ne sont pas, ne peuvent être, et n’ont point été. Telle est la force de la mode, que, soit indolence, soit faute de jugement, on semble fermer les yeux aux vrais principes des arts. Car, comment supposer que des roseaux soutiennent un toit, que des candélabres supportent un édifice, que de faibles branches portent des figures, et qu’il sorte de leurs tiges, de leurs racines ou de leurs fleurs, des moitiés de figures ? Cependant personne ne reprend ces impertinences ; on les aime, au contraire, sans prendre garde si ces choses sont possibles ou non, tant les esprits sont peu capables de connaître ce qui mérite d’être approuvé ou autorisé. Pour moi, je crois qu’on ne doit estimer la peinture qu’autant qu’elle représente la vérité ; que ce n’est pas assez que les choses soient bien peintes, mais qu’il faut aussi que le dessin soit raisonnable, et qu’il n’y ait rien qui choque le bon sens. » (Vitruve, traduction de Perrault.)

Cette critique toucherait juste, si elle ne s’adressait pas à la peinture d’ornement qui, n’ayant d’autre but que de plaire aux yeux, réclame par conséquent,