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ANTONELLO DE MESSINE.

rencontra un Allemand qui allait à Rome implorer les indulgences du pape, et qui lui dévoila tous les secrets de cet art, en reconnaissance de l’hospitalité qu’il lui avait offerte. Alesso fit alors, au-dessus des portes de bronze de San-Giovanni, quelques anges tenant la tête du Christ. Cet ouvrage fut cause que les consuls de la corporation des commerçants le chargèrent de réparer les mosaïques de la voûte de ce temple, qui avaient été exécutées, comme nous l’avons écrit, par Andrea Tafi. Alesso s’acquitta de cette tâche avec un soin extraordinaire, et se servit d’un échafaud construit par le Cecca, le meilleur architecte de ce temps.

Alesso enseigna l’art de la mosaïque à Domenico Ghirlandaio, qui plaça dans la chapelle des Tornabuoni à Santa-Maria-Novella, à côté de son propre portrait, celui de son maître sous la figure d’un vieillard sans barbe et coiffé d’un chaperon rouge. Baldovinetti vécut quatre-vingts ans. À l’approche de la vieillesse, il se retira, à l’exemple de beaucoup de personnes, dans l’hôpital de San-Paolo, afin de pouvoir se livrer tranquillement aux travaux de son art. Pour être choyé et bien traité, il fit porter dans son logement un énorme coffre, et arrangea les choses de telle sorte qu’on le crut plein d’argent. Comme il avait fait donation à l’hôpital de tous les biens qu’il laisserait après sa mort, il n’y avait sorte de caresses que le directeur et les autres employés ne lui prodiguassent. Mais lorsqu’il mourut, on ne vit dans le coffre que des dessins, et un petit livre qui enseignait la manière de composer et de tra-