Page:Vasari - Vies des peintres - t3 t4, 1841.djvu/426

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pouvait ni ne savait rester oisif. Il fit donc dans sa vieillesse deux tableaux ; l’un pour les religieuses de Santa-Margherita d’Arezzo (18), et l’autre pour la confrérie de San-Girolamo. Partie du prix de ce dernier tableau fut payée par Messer Niccolà Gamurrini, docteur ès-lois, et auditeur de Rote qui y est représenté agenouillé, et recommandé par saint Nicolas à la Vierge, près de laquelle on voit saint Donato, saint Étienne, saint Jérôme nu, David chantant les louanges du Seigneur, et deux prophètes qui s’entretiennent du mystère de la conception, comme semblent l’indiquer les brefs qu’ils tiennent dans leurs mains. Ce tableau fut porté de Cortona à Arezzo sur les épaules des hommes de la confrérie de San-Girolamo, et Signorelli, malgré sa vieillesse, voulut l’accompagner, tant pour le mettre lui-même en place, que pour revoir ses amis et ses parents (19).

Je n’avais encore que huit ans, lorsque ce bon vieillard vint demeurer chez les Vasari. Je me souviens qu’un jour mon maître d’école lui ayant dit que je perdais tout mon temps à tracer des figures, il se retourna vers mon père en lui disant : « Eh bien, Antonio, puisque Giorgino ne dégénère pas, il faut lui apprendre le dessin qui d’ailleurs ne peut que lui être utile, et lui faire honneur comme à tout homme bien élevé. » Puis il me regarda et me dit : « Travaille, mon petit cousin, travaille. » Je passe sous silence bien des choses que ce bon vieillard pensait de moi ; car je reconnais que je suis loin d’avoir répondu à ses espérances. Il m’attacha lui-même au cou un jaspe pour me préserver de saigne-